Les Juifs de Corse
Introduction : Une présence ancienne et méconnue
Certains historiens affirment que la présence juive en Corse daterait de l’époque romaine, après la destruction du Temple de Jérusalem et l’expulsion forcée d’une grande partie des habitants par l’occupant romain.
 Pour d’autres, c’est au tournant du IXᵉ siècle que des juifs originaires d’Égypte se seraient installés dans le sud de l’île, à proximité du village de Levie.
 Ce qui est certain, c’est qu’au fil des siècles et des périodes de persécutions, des familles juives sont venues d’Égypte, d’Italie et de la péninsule ibérique, trouvant en Corse une terre d’accueil discrète mais bienveillante.
								
						L’époque de Pascal Paoli et la République corse
En 1755, Pascal Paoli proclame l’indépendance de la République de Corse et adopte une constitution avant-gardiste.
 Il déclare :
« Les juifs ont les mêmes droits que les Corses, puisqu’ils partagent le même destin. »
 Selon la tradition, Paoli aurait fait venir sur l’Île Rousse des familles juives venues du nord de l’Italie et d’Espagne, leur garantissant l’égalité des droits et espérant qu’elles contribueraient au développement économique de l’île.
								
						
						Les réfugiés juifs du XXᵉ siècle
Pendant la Première Guerre mondiale, des familles juives originaires du Maroc et d’Algérie mais vivant à Alep et Tibériade furent chassées par les armées ottomanes et allemandes.
						Elles parvinrent à faire valoir leur nationalité française grâce au décret Crémieux et au traité de Fez.
						Arrivées au port d’Ajaccio le 14 décembre 1915, ces familles — dont 200 enfants — furent accueillies avec une solidarité exemplaire par les Corses.
Elles furent hébergées dans l’ancien séminaire d’Ajaccio, où furent installés un temple et un mikvé.
Plus tard, certaines rejoignirent Bastia, où une vie communautaire s’organisa autour du rabbin Meir Toledano.
						Elles furent hébergées dans l’ancien séminaire d’Ajaccio, où furent installés un temple et un mikvé.
Plus tard, certaines rejoignirent Bastia, où une vie communautaire s’organisa autour du rabbin Meir Toledano.
En 1924, il fonde la synagogue Beith Meir, rue du Castagno à Bastia, où il officiera jusqu’en 1970.
								La Corse pendant la Seconde Guerre mondiale
Durant la Seconde Guerre mondiale, la Corse est occupée par l’Italie pendant dix mois.
						Les autorités d’occupation italiennes, contrairement à d’autres régions de France, n’ont pas livré les familles juives aux nazis.
La Corse compte alors environ 210 familles juives, soit entre 600 et 800 personnes.
						La Corse compte alors environ 210 familles juives, soit entre 600 et 800 personnes.
Malgré quelques actes hostiles, la Corse demeure le seul département français où il n’y eut aucune dénonciation et une seule déportation recensée.
Ce fait exceptionnel témoigne du courage du peuple corse et de la solidarité envers les Juifs persécutés.
						Ce fait exceptionnel témoigne du courage du peuple corse et de la solidarité envers les Juifs persécutés.
Le préfet Paul-Louis Emmanuel Balley refusa de les livrer et obtint, grâce à ses contacts, des passeports turcs pour les sauver.
								
						Mémoire et héritage
Le documentaire « La Corse, île des Justes ? » (2013) d’André et Clémentine Campana a permis de faire connaître ce pan méconnu de l’histoire insulaire. La bande dessinée « L’île des Justes, Corse, été 1942 » raconte l’histoire d’une femme juive tentant de sauver son fils en le cachant sur l’île, aidée par les habitants. Aujourd’hui, la seule synagogue consistoriale demeure celle du Beith Meir à Bastia. Les Habads sont présents à Ajaccio, Porto-Vecchio et Bastia, où ils disposent d’un petit commerce casher et de produits surgelés. Seule Ajaccio possède encore un mikvé en activité.